WikiLeaks échappe à la déconnexion
07.12.2010
Embarqué malgré lui dans la polémique sur l'hébergement du site WikiLeaks, l'hébergeur roubaisien OVH avait demandé à la justice de se prononcer sur la légalité de ce site controversé en France. En effet, Eric Besson, le ministre en charge de l'Economie numérique, avait clairement fait comprendre qu'il ne souhaitait pas que WikiLeaks trouve refuge dans l'Hexagone.
Dans un courrier d'Octave Klaba, le directeur général d'OVH, envoyé aux clients, et transmis à la presse, nous apprenons que le prestataire de services a effectué vendredi 3 décembre et ce week-end deux procédures sur requêtes auprès du tribunal de grande instance de Lille et une auprès de celui de Paris [documents PDF, NDLR]. Toutes les requêtes ont été rejetées. OVH indique que le premier juge du TGI de Paris, « après réflexion, a rejeté notre demande au motif qu'un tel dossier nécessitait un débat contradictoire ».
Octave Klaba considère que ces décisions sont conformes à ce qui était attendu. Pour OVH, dans l'état actuel des choses, « conformément à la loi LCEN, il faut que “quelqu'un” fasse une notification de contenu manifestement illicite auprès de l'hébergeur en la justifiant avec les fondements légaux pour que ce dernier procède au retrait de ce contenu ».
« Le maximum pour clarifier la situation juridique »
Autres cas de figure, selon OVH : « il faut que “quelqu'un” assigne en référé notre client... Une discussion contradictoire pourra alors avoir lieu et le juge pourra se prononcer. » Ou encore « que “quelqu'un” saisisse les juges de référés et demande de censurer le site sur le territoire français. C'est une procédure vraiment exceptionnelle. Il y a un précédent dans l'histoire de la justice avec l'affaire relative au site Aaargh. Cette procédure commence à être utilisée avec des sites sur les jeux. »
A ce stade, OVH, qui dit n'avoir reçu aucune notification, estime avoir fait le maximum pour clarifier la situation juridique du site et se dit prêt à exécuter « toute décision de justice qui lui sera communiquée ». « En tout cas, nous avons essayé d'être le plus transparent possible, estime l'hébergeur, qui ne se considère pas comme celui de WikiLeaks. Contractuellement, OVH assure la prestation technique pour des hébergeurs c'est-à-dire la fourniture d'un serveur, de l'électricité, du refroidissement, les bâtiments pour la sécurité physique et la connexion à Internet... »
700 sites miroirs à ce jour
Si OVH ne se dit « ni pour, ni contre » WikiLeaks, le fournisseur d'accès français FDN, sur son blog, prend parti pour WikiLeaks, sans pour autant se prononcer sur le bien-fondé ou non de ses « fuites ». Dans un long article, le prestataire explique pourquoi il a, dans un premier temps placé un pointeur DNS (wikileaks.fdn.fr), puis décidé d'héberger un miroir de WikiLeaks, pour « participer à une activité de duplication d'un site menacé de censure par des pressions plutôt que par la justice ».
« La censure, par le moyen technique du réseau, par des intermédiaires techniques, sans passer par le droit et la justice, c'est précisément ce contre quoi lutte FDN. C'est précisément le cœur de notre combat pour défendre un réseau ouvert et neutre », explique le FAI.
Sur son fil Twitter, WikiLeaks indique aujourd'hui qu'il existe plus de 700 sites miroirs. Pour FDN, « les gouvernements, par leur action irresponsable, en voulant censurer sans passer par la case justice, ont poussé les défenseurs de la liberté d'expression et de la neutralité du réseau à agir, et donc à mettre en œuvre des armes lourdes, comme la réplication massive du site. S'ils avaient décidé de jouer franc-jeu, de passer par la justice plutôt que par l'intimidation et les pressions politiques, le réseau n'aurait pas eu à se défendre. Il y aurait alors eu une chance, même faible, de pouvoir faire appliquer une décision de justice équilibrée. »
Des méthodes de barbouzes pour contrer Wikileaks
10.02.2011
Un document révèle les méthodes peu recommandables de certaines sociétés spécialisées dans la sécurité des données.
Dans le monde de l’intelligence économique, on n’est jamais très loin du côté obscur. Mercredi, Wikileaks a publié une présentation intitulée « La menace Wikileaks », qui propose des méthodes peu orthodoxes pour discréditer Julian Assange et son site spécialisé dans les révélations. Ce document a été réalisé par trois firmes spécialisées dans la sécurité des données, à savoir Palantir, HBGary et Berico Technologies. Il analyse de manière froide et sobre l’organisation de Wikileaks, ses forces, ses faiblesses et son mode opératoire. Ainsi, on apprend qu’un certain nombre de journalistes collaborent volontairement au site et que les serveurs sont hébergés en partie dans un abri antiatomique en Suède.
Mais la partie réellement intéressante concerne les « tactiques proactives potentielles », c’est-à-dire les contre-attaques (page 14) : désinformer, soumettre des faux documents, discréditer la sécurité de la plate-forme en inventant des histoires, organiser des cyberattaques, mettre en place des campagnes médiatiques pour créer le doute dans l’opinion publique, rechercher les traîtres sur les réseaux sociaux, etc. Un mélange pas très glorieux de stratégie de communication et de méthodes de barbouzes.
Une grande banque s’inquiète
D’autant plus que cette présentation n’a pas été faite pour n’importe qui, mais pour Bank of America, qui est une des plus grandes banques américaines et qui redoute depuis quelques mois d’être l’objet de révélations par Wikileaks. Comment cette présentation est-elle tombée dans les mains des administrateurs du site ? Selon Tech Herald, il s'afit d'un butin de guerre du groupe de hackers Anonymous, qui, espionné par l’une des trois sociétés, s’est vengé en récupérant 50 000 messages internes et en les publiant sur le web.
Coïncidence ou non, la révélation de cette présentation arrive en même temps que la publication du livre « Inside Wikileaks », écrit par Daniel Domscheit-Berg, l’ancien bras droit de Julian Assange. Ce dernier y est décrit comme un gourou « paranoïaque ». Quelle est la raison d’être de cet ouvrage ? Désir d’informer, règlement de compte ou portrait téléguidé ? En effet, il y a de quoi devenir paranoïaque… à suivre .....
Source : 01netPro