Source : Orange
Les syndicats ont appelé à une mobilisation "exceptionnelle" mardi pour défendre la raffinerie Petroplus de Petit-Couronne (Seine-Maritime) devant le tribunal de commerce de Rouen qui doit examiner les offres de reprise du site alors que l'autorisation de poursuite de l'activité expire le jour-même.
"Les 470 salariés de la raffinerie de Petit-Couronne comptent sur une mobilisation exceptionnelle", a déclaré Nicolas Vincent, porte parole de l'intersyndicale CGT-CFDT-CFE/CGC à quelques heures de l'audience. Cet appel a été relayé par l'Union départementale CGT de la Seine-Maritime qui a prévu un rassemblement autour d'un barbecue mardi matin devant le tribunal de commerce qui devrait se donner quelques jours de réflexion avant de rendre sa décision.
L'UD-CGT a dénoncé les "majors pétroliers" qui veulent "raffiner dans des pays leur permettant de s'affranchir des règles sociales, environnementales et de sécurité" et demande à l'Etat de prendre ses "responsabilités" pour préserver cette industrie.
De son côté, l'intersyndicale a appelé tous les acteurs du dossier à "vérifier la qualité des offres et d'indiquer au tribunal en vérité si une offre est crédible et financée". Elle assure que les salariés resteront "unis" et continueront "le combat", quelle que soit l'issue.
Le tribunal examinera les deux offres transmises par les administrateurs judiciaires le 2 avril, celle du Panaméen NetOil, en lice depuis juillet 2012 et celle du Libyen Murzuq Oil, apparu ces dernières semaines.
Mais l'intersyndicale n'est pas d'accord avec ce choix et demande que les juges consulaires prennent en considération également deux autres dossiers écartés par les administrateurs et présentées respectivement par le Luxembourgeois GTSA et le Hongkongais Oceanmed Seasky System Limited.
Au total, plusieurs dizaines de candidats se sont manifestés pour reprendre la raffinerie depuis son dépôt de bilan en janvier 2012 mais jusqu'à présent aucun n'a été en mesure de déposer un dossier complet. Le tribunal a pourtant repoussé à huit reprises la date limite de dépôt de leurs offres.
Les juges consulaires attendent des candidats qu'ils apportent des garanties sur leur capacité à approvisionner le site en pétrole brut mais aussi à le moderniser. La raffinerie a besoin pour fonctionner de 15 millions d'euros de pétrole brut par jour. Sa remise à niveau est estimée entre 400 et 500 millions d'euros.
Aucun des majors du secteur tels ExxonMobil, Total, BP ou Shell ne s'est intéressé à cette raffinerie ancienne et de taille moyenne avec sa capacité de distillation de 150.000 barils par jour. Ils estiment qu'investir dans l'achat d'une raffinerie en Europe n'a guère de sens tant les marges sont faibles et la concurrence des produits importés forte.
La recherche d'un repreneur s'effectue alors que des négociations sont engagées entre direction et syndicats pour élaborer un Plan de sauvegarde de l'emploi (PSE). Le comité d'entreprise sera prochainement sollicité pour donner son avis sur son contenu.
En cas de fermeture, une centaine de salariés de Petroplus pourraient être reclassés dans l'industrie pétrolière, principalement dans la vallée de la Seine où fonctionnent deux autres raffineries, l'une exploitée par Total et l'autre par ExxonMobil.
Ouverte en 1929, la raffinerie avait déposé son bilan le 24 janvier 2012 à la suite de la faillite de sa maison-mère suisse. Sa liquidation avait été prononcée en octobre par le tribunal de commerce de Rouen qui avait toutefois autorisé la poursuite de l'activité jusqu'au 16 avril et la recherche d'un repreneur.