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La prime pour les salariés des entreprises versant des dividendes en hausse a essuyé mardi une pluie de critiques: "prime fantôme" pour le PS, initiative "regrettable" pour le Medef, quand, dans les rangs de la majorité, certains font part de leur doutes.
La création de cette prime, annoncée mi-avril dans une certaine confusion sous l'appellation de "prime à 1.000 euros", devait être débattue à partir de mardi soir dans le cadre du projet de loi rectificatif sur la sécurité sociale. Elle sera obligatoire pour les entreprises de plus de 50 salariés.
Vent debout contre ce projet "regrettable", la patronne du Medef, Laurence Parisot a encore réclamé des aménagements mardi matin. Elle souhaite que la prime ne s'applique pas aux entreprises de moins de 500 salariés, afin "de protéger nos petites et moyennes entreprises".
La CGPME et l'UPA (artisans) sont également contre.
L'octroi de cette prime, attendue pour l'automne et qui pourrait atteindre en moyenne 700 euros, selon les calculs du gouvernement, ne satisfait pas non plus les syndicats. Son montant sera fixé par la négociation.
Député UMP du Nord, Christian Vanneste, est plus partisan d'un "système participatif". Il ne cache pas que le dispositif suscite "quelques bémols" au sein du groupe UMP. "Cela a un côté cerise sur le gâteau, alors qu'il serait peut être préférable d'améliorer le gâteau...", explique-t-il dans les couloirs de l'Assemblée.
Le rapporteur du Budget, Gilles Carrez, estime que "la vraie question se pose pour les entreprises de moins de 50 salariés". Un amendement UMP voté en commission veut autoriser celles-ci à faire des accords d'intéressement pour une durée d'un an au lieu de trois actuellement.
Selon les pronostics gouvernementaux, la prime concerne un quart des salariés, soit environ 4 millions de Français. "Notre crainte est que cette mesure fasse beaucoup de déçus parmi les salariés qui peuvent compter sur cette prime et qui ne l'obtiendront pas", dit Yann Werhling, porte-parole du MoDem.
"Je trouve que 4 millions de personnes c'est déjà pas forcément si mal et c'est déjà aussi une forme de régulation de l'inéquité", a rétorqué Valérie Rosso-Debord. Parmi ses autres défenseurs, Marc Laffineur (UMP) y voit lui "une avancée sociale majeure pour la France".
Si "la direction" d'un "autre partage capital/travail" est "bonne" pour Jean Dionis du Séjour (Nouveau Centre), "il faut mettre des choses sur la table, et là on a été pressé". "On aurait mieux fait de donner des chèques moins vite aux gens, mais de faire quelque chose de plus durable pour le pouvoir d'achat", a-t-il commenté dans les couloirs.
Plusieurs amendements seront d'ailleurs présentés par son parti pour changer le dispositif. Son collègue Charles de Courson (NC) critique en particulier d'avoir fait le choix des dividendes versés (en hausse sur les deux dernières années en moyenne) plutôt que celui du chiffre d'affaires ou du bénéfice.
Nicolas Dupont-Aignan (Debout La République, non inscrit) dénonce une mesure qui relève d"une charité". "Le vrai problème, c'est la hausse des salaires et la hausse des bas salaires", a-t-il commenté.
Quant à l'opposition, elle ne fait pas dans la dentelle: "mirage" et "arnaque" pour le président des députés PCF, Roland Muzeau, qui évalue à "moins d'un million" le nombre de bénéficiaires potentiels et demande de "privilégier les salaires". Le député PS de Seine-Saint-Denis Bruno Le Roux évoque lui "une prime fantôme" et "une aumône aléatoire".